L'histoire du chapeau haut-de-forme

Une longue histoire pour un chapeau pas comme les autres

Tout le monde connaît le chapeau haut-de-forme. Depuis son apparition dans les brumes anglaises du 18e siècle, le chapeau haut-de-forme impressionne, donne du panache à son porteur et est un symbole universel d'autorité, de richesse, et de prestige.

Mais connaissez-vous l’histoire du chapeau haut-de-forme? Laissez Henri Henri vous instruire et vous divertir avec la longue et fascinante histoire de ce chapeau qui, malgré qu’il ne soit pas aussi porté qu’avant, refuse de disparaître de notre imaginaire et continue de symboliser la prestance, le solennel, et l’opulence.

Entre la fiction et les faits : des pistes historiques sur l’origine du chapeau haut-de-forme

Une légende populaire raconte que le premier chapeau haut-de-forme, fait de soie, fut créé par le mercier anglais John Hetherington en 1797. Ce chapeau haut et lustré, audacieux pour l’époque, aurait causé un tel scandale qu’à sa vue, de nombreuses femmes se sont évanouies, et que Hetherington fut arrêté pour tenue indécente.

Portrait d'un homme élégant du 18e siècle portant un haut-de-forme

Cette anecdote colorée et mémorable semble suggérer que le chapeau haut-de-forme est sorti tout droit de la tête d’un créateur téméraire et inventif, cependant elle ignore l’ancêtre du chapeau haut-de-forme, que vous connaissez peut-être: le capotain, ou chapeau puritain, dont l’origine remonte aux années 1590 en Angleterre.

Dessin représentant un couple de puritains portant la coiffe et le capotain

Les puritains étaient une branche de la confession protestante anglaise, qui visaient à purger l’Église anglicane des restes d’influence de l’Église catholique romaine. Ils furent aussi importants dans la colonisation des États-Unis, formant la colonie de Plymouth en 1620.

Le chapeau capotain est haut et cylindrique, avec une légère forme conique dite en “pain de sucre”. Il laisse peu à peu sa place au chapeau tricorne, qui domine la garde-robe européenne jusque vers la fin du 18e siècle.

 

Fin du 18e siècle : le départ du haut-de-forme comme on l’entend aujourd’hui

On peut attribuer le tout premier chapeau haut-de-forme historiquement vérifiable au chapelier George Dunnage, originaire du Middlesex et réputé inventeur du chapeau haut-de-forme. 

À l’époque, les chapeaux hauts-de-forme sont d’une forme très courbée, étant plus minces au centre du cylindre qu’à la base et au sommet. Ils sont rapidement adoptés pour leur confection exquise et la prestance qu’ils accordent à leurs porteurs. Ils deviennent rapidement le chapeau de choix du parfait gentleman, et sont adoptés par toutes les classes sociales. Ils sont faits de feutre de castor ou de soie pour les mieux nantis, et de feutre de laine pour les classes populaires

Photographie ancienne d'un gentillhomme en tenue d'opéra avec cape et haut-de-forme

 

Les années 1850 : l’âge d’or du haut-de-forme

Durant les années 1850, les chapeaux hauts-de-forme atteignent de sommets! C’est l’époque à laquelle apparaît le chapeau en tuyau de poêle, ou stovepipe hat, un haut-de-forme pouvant atteindre jusqu’à 20 cm! C’est le chapeau auquel on associe le Président des États-Unis Abraham Lincoln, qui appréciait la hauteur du stovepipe pour sa couronne volumineuse dans laquelle il pouvait ranger ses discours et ses notes, sans encombrer ses poches.

Photographie de Théodore Roosevelt marchant dans la rue en portant un chapeau haut-de-forme

Les chapeaux hauts-de-forme sont maintenant un incontournable de tout événement qui revêt un tant soit peu de formalité. À cette époque, les gentlemen sont censés arriver au bal, au théâtre ou à l’opéra revêtus d’une cape et d’un chapeau haut-de-forme, mais à l’ôter une fois à l’intérieur. Aussi, l’espace vient vite à manquer dans les vestiaires!

C’est le chapelier français Antoine Gibus qui, autour de 1840, invente un dispositif qui révolutionne le monde du chapeau: le chapeau claque, ou chapeau opéra. C’est un chapeau haut-de-forme monté sur une structure métallique à ressorts qui permet de plier son chapeau, afin de le ranger aisément sous le siège, au vestiaire ou dans les bagages.

 

Fin du 19e siècle : le début de la fin?

Le port du chapeau haut-de-forme atteint son apogée vers la fin du 19e siècle. Il prend des proportions plus raisonnables, se stabilisant autour de 12 à 15 cm. Il est attendu que tout gentleman porte un chapeau haut-de-forme aux événements formels et/ou importants. 

La Première Guerre mondiale secoue le vieux monde et le transforme à jamais. La société, l’industrie, et la mode se transforment et adoptent de nouveaux paradigmes. On voit l’apparition progressive des chapeaux melons et de chapeaux de feutre plus souples, et le chapeau haut-de-forme perd en popularité, surtout dans les classes populaires, qui tendent à porter la casquette plus fréquemment. C’est aussi à cette époque qu’apparaissent les premiers fedoras qui vont dominer la mode masculine pour le siècle à venir.

Photographie de John Fitzgerald Kennedy portant un haut de forme le jour de son inauguration Photographie de Sir Winston Churchill portant un chapeau haut-de-forme

Après la Seconde Guerre mondiale, le chapeau haut-de-forme a pratiquement disparu de la vie publique. Entre la démocratisation de l’automobile, trop exiguë pour accommoder le haut-de-forme, et la popularité du chapeau fedora, seuls les magistrats, les diplomates, les nobles et les plus riches continuent de porter le chapeau haut-de-forme pour des événements très formels et codifiés. John Fitzgerald Kennedy est le dernier Président Américain à porter le haut-de-forme lors de son investiture.

Aujourd’hui encore, le chapeau haut-de-forme reste un symbole fort de prospérité, d’autorité et de révérence. Il est toujours de mise à des événements historiques telle la course de chevaux d’Ascott et du Kentucky Derby, il est adopté à bras ouverts par les fans de steampunk, et dégage une prestance qui fait la signature visuelle d’artistes tels que Slash et T-Pain. C’est aussi encore et toujours un accessoire typique du magicien, une profession qui se codifie au courant du 19e siècle.

Francis Bissonnette-Gilker
Commentaires
l
14 Jan 2024
Leclere Philippe
TRES INSTRUCTIF MERCI
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